En Russie, au début du 15e siècle. Andrei, Kirill et Danill, trois moines peintres d’icônes, se rendent chez le maître Théophane le Grec pour participer à la décoration de la cathédrale de Moscou. Seul Andrei est choisi pour ce travail. Il traverse le pays avec son apprenti pour rejoindre la capitale.
Musique : Viatcheslav Ovtchinnikov
Distribution : Anatoli Solonitsyne / Ivan Lapikov / Nikolaï Grinko / Nikolaï Sergueïev / Irma Raush / Nikolaï Bourliaïev / Youri Nazarov / Youri Nikouline / Rolan Bykov Nikolaï Grabbe / Mikhaïl Kononov / Stepan Krylov / Bolot Beishenaliev / Nellie Sneguina…
Andreï Roublev 1967
L’extrême formalisme du style de Tarkovski prolonge la tradition eisensteinienne et s’écarte radicalement des deux principales tendances du renouveau du cinéma russe dans les années 60 et 70 : la prise en compte analytique et réaliste du présent (lignée Panfilov); le désir de retrouver les liens profonds unissant le présent au passé (lignée Kontchalovsky et Mikhalkov). Assumant le risque de l’ésotérisme et même de la complaisance à l’ésotérisme, Tarkovski s’intéresse avant toutes choses à ses impressionnants mouvements d’appareil pétrissant l’espace d’une manière insolite et surprenante, à ses recherches d’ambiances apocalyptiques et extra-temporelles. Le thème abordé ici – la recherche tâtonnante d’un humanisme spirituel, seul rempart contre la barbarie, le paganisme et les excès de la religion – lui permet de s’enfoncer dans ce Moyen Age indifférencié où baignent la plupart de ses films. Dans cet espace fantasmagorique qui est comme le berceau de l’Etre, l’homme semble en gestation, créature embryonnaire et encore engluée dans le limon originel, plutôt bestial, dont il lui faudra s’extraire – et la tâche paraît infinie – pour parvenir un jour à la conscience morale et à la conscience tout court. A l’avant-garde de cet effort humain et surhumain se trouve l’artiste (Andreï Roublev ou bien le jeune fondeur de cloches) entraînant après lui un peuple de fantômes, dont il est à la fois le berger,l’interprète et l’émanation suprême.
Jacques Lourcelles – scénariste, traducteur, directeur de revue, historien et critique de cinéma – Dictionnaire du cinéma – Editions Robert Laffont. 1992